Inflation, climat, coût de l’énergie : la montagne aurait de quoi trembler. Et pourtant, le ski se porte bien. Très bien même, à en croire le dernier rapport annuel du consultant Laurent Vanat, présenté cette semaine en ouverture du salon Mountain Planet à Grenoble. L’édition 2025 dresse un état des lieux complet de la saison 2023/2024, confirmant une tendance inattendue : dans un monde incertain, la neige garde le cap.
Un secteur qui résiste à tout… sauf aux hausses de prix
Les chiffres sont là : 366 millions de journées-skieurs enregistrées dans le monde l’hiver dernier, soit une fréquentation pile dans la moyenne des vingt dernières années. Une stabilité remarquable, après deux hivers post-Covid marqués par le rebond.
Ce qui freine aujourd’hui ? Ce n’est ni la météo, ni la neige, ni même l’altitude. C’est le portefeuille. Selon le rapport, les tarifs des forfaits ont grimpé de 13 à 19 % en deux ans dans de nombreuses stations européennes. Une hausse principalement liée aux coûts de l’énergie… mais qui commence à peser lourd sur le budget des skieurs.
Les États-Unis en tête, la France solide mais prudente
Avec près de 60 millions de journées-skieurs, les États-Unis conservent leur couronne de première puissance mondiale. La France suit de près, à 54 millions, devant l’Autriche, l’Italie et le Japon. Mais là encore, le tableau est nuancé : la France et l’Autriche affichent une légère baisse de fréquentation par rapport à leur moyenne pré-Covid. Rien d’alarmant, mais les voyants restent à surveiller.
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L’Italie, en revanche, cartonne. Saison record, grâce à une météo généreuse et une forte dynamique touristique. Même chose pour la Chine, portée par la fin des restrictions sanitaires et une offre qui continue de se développer. De nouvelles stations ont d’ailleurs vu le jour en Chine, en Arménie ou encore en République Tchèque.
L’Europe attire les skieurs américains
Phénomène intéressant, les skieurs américains sont de plus en plus nombreux à traverser l’Atlantique pour venir dans les Alpes.
En cause : des prix devenus plus attractifs en Europe, une insatisfaction croissante vis-à-vis des stations des Rocheuses, et la qualité de l’expérience alpine. Pour les habitants de la côte Est des États-Unis, un séjour en Savoie ou au Tyrol peut aujourd’hui coûter moins cher qu’un week-end au Colorado.
Le réchauffement climatique change l’offre, pas la demande
C’est sans doute le point le plus surprenant du rapport : le réchauffement climatique n’impacte pas (encore) la demande globale.
La fréquentation reste stable, même si les effets sont bien visibles sur l’offre : moins de jours d’ouverture, fermeture de petits domaines, disparition des téléskis isolés… Autant de signaux faibles qui questionnent l’avenir du modèle, mais n’effraient pas encore les vacanciers.
La montagne doit encore se réinventer
Enfin, la numérisation reste à la traîne, surtout dans les stations européennes. Billetterie en ligne, réservation de matériel, services connectés : beaucoup de destinations ont encore une bonne longueur de piste à rattraper. La consolidation du secteur, attendue depuis des années, peine également à se concrétiser.
Un constat : le ski mondial ne flanche pas, mais doit évoluer. Pour continuer d’exister demain, la montagne devra composer avec un climat qui change, un public plus exigeant… et un pouvoir d’achat sous tension.