Il y a bientôt 50 ans, au cœur de la vallée de la Maurienne, naissait un projet un peu fou. Celui d’une station de ski pensée non pas pour le profit, mais pour le partage. Son nom : Les Karellis. Son créateur : Pierre Lainé, figure du tourisme social. Son ambition : rendre la montagne accessible à tous, loin des logiques spéculatives et des résidences fermées neuf mois sur douze. En décembre prochain, la station savoyarde soufflera ses 50 bougies, fidèle à ses valeurs fondatrices… tout en traçant les lignes de son futur.
Ce qui distingue Les Karellis, ce n’est pas seulement son enneigement, sa vue sur les Aiguilles d’Arves ou ses 60 km de pistes de ski. Non, c’est son modèle économique inédit.
Ici, le foncier appartient à la commune de Montricher-Albanne, les commerces et restaurants sont gérés en coopérative, et les hébergements prennent la forme de villages vacances tout compris, où forfait, matériel, repas, clubs enfants et animations sont inclus.
Un fonctionnement solidaire, transverse et résilient, qui permet à la station de réinvestir localement et durablement, tout en proposant des tarifs maîtrisés, sans rogner sur la qualité.
« Le tout-compris est notre signature, avec l’objectif de proposer des séjours confortables, simples et accessibles » explique pour La Vie Nouvelle, Yanis Mairy, directeur de l’office de tourisme des Karellis. Cette philosophie unique a permis à la station d’éviter la spéculation immobilière, tout en garantissant un véritable équilibre entre tourisme et préservation du territoire.
Une station qui investit dans l’avenir
Loin de se reposer sur ses lauriers, Les Karellis sont aujourd’hui en pleine mutation. Le front de neige a été entièrement repensé, avec une nouvelle zone débutant sécurisée grâce à un tapis central couvert, une meilleure répartition des flux, et une reconfiguration de l’espace ski pour enfants par l’ESF.
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À l’automne, un téléski sera déplacé pour créer une boucle d’apprentissage, facilitant l’accès aux résidences et aux retours skis aux pieds.
Mais l’hiver n’est qu’une partie de l’équation. Le tourisme estival devient un axe fort de développement. Deux chantiers sont lancés cet été : un city-stade et une piscine, pour enrichir l’offre quatre saisons.
L’idée ? Valoriser le caractère préservé du site, ses sentiers de randonnée, son ambiance familiale et paisible, avec une montée en gamme des services de bien-être, sans jamais renier l’ADN populaire de la station.
Les hébergeurs participent à l’effort, avec des travaux pour améliorer les performances énergétiques et répondre aux enjeux environnementaux actuels. Le développement est pensé de manière collective, durable et concertée, à l’image de la gouvernance qui a toujours prévalu ici.
Entre Maurienne authentique et esprit coopératif
S’installer aux Karellis, c’est aussi plonger dans un territoire montagnard riche de traditions.
La station fait partie intégrante de la commune de Montricher-Albanne, avec ses hameaux typiques : Le Bochet, le chef-lieu, Montricher et ses maisons de pierre, ou Albanne, village aux ruelles étroites et au four à pain encore en activité. Ici, le tourisme ne gomme pas l’histoire, il l’accompagne.
Côté ski, l’expérience est fluide et apaisée. Pas d’attente aux remontées, station piétonne, domaine débutant gratuit, accès direct via télésiège depuis les parkings gratuits, et même des zones freeride en forêt pour les plus téméraires. Un paradis pour les familles, les groupes d’amis ou les amateurs de glisse simple et efficace.
À l’approche de leur cinquantième anniversaire, elles nous rappellent que la modernité n’est pas toujours synonyme de gigantisme, mais qu’elle peut aussi rimer avec solidarité, authenticité et harmonie avec le territoire. Bref, une station comme on en fait peu… et qu’il faut (re)découvrir de toute urgence.