Bourg Saint Maurice – Les Arcs – À quelques mois de la fin de son premier mandat, le maire de Bourg Saint Maurice – Les Arcs, Guillaume Desrues, dresse un bilan positif, marqué par une transition écologique et économique assumée. De la diversification touristique à la lutte contre la spéculation immobilière, il revient sur les réalisations et les grands défis qui attendent encore la commune.
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Votre premier mandat arrive bientôt à son terme. Quel bilan en faites-vous ?
Nous avons voulu marquer une véritable période de transition. Dès le départ, nous étions convaincus qu’on ne pouvait plus continuer comme avant, tant sur l’urbanisme que sur l’activité économique ou les mobilités. Il fallait amorcer un virage, notamment sur l’économie touristique. Bourg Saint Maurice – Les Arcs compte déjà 40 000 lits touristiques : fallait-il vraiment en rajouter ? Nous nous sommes donc concentrés sur une diversification économique et une meilleure répartition saisonnière, notamment avec une saison estivale désormais élargie de juin à septembre.

Nous avons également accompagné cette transition d’une attention particulière portée à nos habitants dans leur quotidien, leur vie familiale et l’accueil des personnes âgées. Enfin, sur le plan environnemental, nous avons privilégié les mobilités douces, requalifié les espaces publics et pris la décision forte d’arrêter toute promotion touristique hors Europe, une hérésie écologique à nos yeux.
Vous avez évoqué l’importance d’une montagne accessible à tous. Qu’avez-vous fait pour rendre le territoire plus abordable ?
Voir que 80% des Français n’ont pas les moyens de s’offrir un séjour à la montagne me met en colère. Nous voulons que la destination soit partagée au maximum. En recentrant nos efforts sur le marché européen, nous ouvrons déjà notre territoire à des clientèles plus accessibles financièrement. Nous voulons attirer notamment des Allemands, des Belges ou des Anglais, qui représentent un vrai potentiel de croissance économique sans pour autant alourdir notre bilan carbone.
Justement, concernant le domaine skiable, comment évolue-t-il depuis le moratoire sur les nouvelles constructions ?
Le domaine ne peut plus s’étendre indéfiniment. Nous privilégions désormais la modernisation et l’optimisation des remontées mécaniques, comme nous l’avons fait avec le Transarc, améliorant confort et débit sans extension massive. Malgré ce moratoire, nous constatons chaque année une légère croissance du chiffre d’affaires et de la fréquentation, grâce à une meilleure occupation des 40 000 lits existants. Il n’est donc plus nécessaire de construire sans fin pour assurer une activité économique dynamique.
La crise du logement reste une problématique majeure à Bourg Saint Maurice. Comment comptez-vous la résoudre ?
Le logement est effectivement l’enjeu central. Nous avons décidé de transformer radicalement le projet du quartier des Alpins, initialement destiné au tourisme, en une zone réservée aux logements permanents. Sur la première tranche, nous avons déjà prévu 25 logements sociaux et 25 logements seniors, avec des garanties strictes pour empêcher toute spéculation.

Nous mettons en place des servitudes de résidence principale pour éviter que ces logements ne deviennent des résidences secondaires ou des locations de courte durée. Cette stratégie permet de construire un territoire vivant à l’année, indispensable pour une montagne dynamique et accueillante.
Quels sont vos projets à venir pour continuer à transformer La commune ?
Nous finalisons actuellement un grand pôle d’échange multimodal autour de la gare, opérationnel dès décembre prochain. Nous travaillons aussi sur un projet important de préservation de la vallée des Chapieux et de ses glaciers, lancé via une convention citoyenne. Un autre enjeu crucial est la future délégation de service public des remontées mécaniques, pour laquelle nous souhaitons une large concertation citoyenne. L’objectif est de permettre aux habitants de s’approprier pleinement cet outil stratégique.
À titre personnel, pourquoi avoir choisi Bourg Saint Maurice et vous être engagé dans la vie publique ici ?
Depuis toujours, j’avais cette envie de vivre à la montagne. Je suis arrivé ici à 25 ans et j’ai immédiatement compris que c’était l’endroit idéal pour moi. Bourg Saint Maurice offre un cadre de vie exceptionnel, alliant services urbains complets et accès direct à une nature préservée. Enseignant de formation, je me suis engagé en politique par amour de ce territoire et par conviction écologique et sociale. Nous avons la chance unique de pouvoir agir et de transformer ce territoire tout en préservant sa qualité de vie exceptionnelle. C’est cette opportunité que je veux saisir pleinement, car il est urgent d’agir face aux défis climatiques et sociaux.