Né de l’envie de repousser les limites du snowboard, le splitboard s’impose comme une alternative aux remontées mécaniques pour les amateurs de poudreuse et d’aventure. Pourtant, cette discipline reste encore une niche dans la niche, pratiquée par une minorité de snowboardeurs. Mais alors, qu’est-ce que le splitboard et pourquoi séduit-il un nombre croissant de passionnés ?
À l’origine, les snowboardeurs désireux de quitter les domaines skiables pour explorer la montagne devaient utiliser des raquettes à neige. Une solution efficace mais contraignante, puisqu’il fallait ensuite les ranger dans un sac à dos avant d’entamer la descente.
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Le splitboard a révolutionné cette approche. Ce snowboard en deux parties se transforme en skis de randonnée pour la montée, avant de se réassembler en une seule planche pour la descente. Le concept a émergé au début des années 1990, mais il faudra attendre la fin des années 2010 pour voir la discipline gagner en popularité. Même Burton, acteur incontournable du snowboard, n’intègre les splitboards à son catalogue qu’en 1999.
L’essor du splitboard : entre tendance outdoor et pandémie
Le véritable tournant intervient avec la trilogie de films de Jeremy Jones (Deeper, Further, Higher). Cette série documentaire met en lumière une pratique plus engagée, tournée vers le freeride et l’exploration. Un signal fort pour toute une communauté qui découvre alors une nouvelle façon d’envisager le snowboard en haute montagne.
Dans les années 2010, le splitboard surfe sur une vague favorable. Le développement des marques Patagonia et Arcteryx, l’essor du sport fitness et la montée en puissance du freeride favorisent l’émergence d’une pratique tournée vers la nature et l’exploration.
La pandémie de 2020 marque un tournant décisif. Privés de remontées mécaniques et de voyages lointains, de nombreux snowboardeurs se tournent vers la randonnée. Résultat : le nombre de ventes de splitboards explose, passant de 18 000 unités par saison avant la crise à près de 30 000 en 2021. Aujourd’hui, la tendance s’est stabilisée autour de 5 000 ventes annuelles, mais la discipline a trouvé son public.
Un matériel encore coûteux mais en pleine évolution
Si le splitboard séduit, il reste une discipline exigeante, notamment sur le plan financier. Le pack complet (planche, fixations, peaux, bâtons) affiche un prix d’entrée autour de 2 000 euros, soit 30 % de plus que le ski de randonnée. Même la location reste onéreuse, avec des tarifs entre 50 et 70 euros par jour.
Malgré cela, le splitboard attire un public varié : jeunes sportifs prêts à investir, snowboardeurs aguerris refusant de passer au ski de rando, ou encore skieurs en quête de nouvelles sensations. Son développement repose aussi sur des évolutions techniques notables, comme l’arrivée des hardboots (chaussures rigides) qui offrent un meilleur confort et une meilleure précision.
Arthur Guinand, spécialiste chez Pomoca, estime que le splitboard est encore un « sport de geek », avec des ajustements nécessaires pour le rendre plus accessible. À l’image du ski de randonnée il y a 15 ans, la discipline pourrait connaître une démocratisation progressive, portée par l’engouement pour le hors-piste et les sports outdoor.
Un second souffle pour une discipline qui se cherche encore
Si pendant longtemps les snowboardeurs devaient se mettre au ski pour pratiquer la randonnée, la dynamique semble s’inverser. De plus en plus de skieurs s’essayent au splitboard, attirés par une glisse plus fluide et une meilleure expérience en poudreuse.
Pour les passionnés, l’évolution est en marche. Le splitboard, encore marginal, est en train de s’ancrer durablement dans la culture du snowboard. Face à la montée en puissance du tourisme durable et à la volonté de s’affranchir des infrastructures, il pourrait bien être l’avenir du snowboard freeride.